Une fois encore, la violence aveugle, les tirs de missiles en rafales et les raids aériens, accompagnés de bombardements massifs, les morts et les blessures, les destructions et les pleurs, l’épouvante et la peur se sont substitués au mutisme des partenaires d’un « dialogue » qui n’a jamais vraiment commencé au Proche-Orient et, particulièrement, dans cette terre qu’on appelle « sainte » faute de savoir comment nommer la région comprise entre le Jourdain et la Méditerranée, dont saint Jérôme écrivait qu’il avait « honte d’en dire la largeur pour que nous ne paraissions pas offrir aux païens une occasion de blasphémer »1. Le pourquoi de cette situation n’est que trop connu. Deux peuples, qui ont chacun leurs raisons, disent de cette terre : « C’est la mienne ! ». Pour les Israéliens, il suffit d’ouvrir l’Ancien Testament, à peu près n’importe où, pour que l’on y parle de la « terre d’Israël », terre que le Seigneur a juré aux patriarches Abraham, Isaac et Jacob de donner à leur descendance ; mais le Nouveau Testament aussi en parle comme de la « terre d’Israël » (Mt 2,20-21 ; Lc 4,25.27) ou de la « Judée » (qui parfois, comme en Mt 3,5 ; Mc 1,5 ou Lc 4,44 et ailleurs, ne qualifie pas la seule Judée au sens strict – le territoire de l’ancien royaume du Sud –, mais toute la terre des juifs). Pour eux, c’est leur terre, dont ils ont été injustement expulsés par l’empereur romain Hadrien, après la deuxième révolte juive dans les années 140 de notre ère. Pour les Palestiniens, cette terre est la leur, car ils y habitent depuis toujours : non seulement depuis l’islamisation de la région au viie siècle, ni même depuis près de deux mille ans, mais, revendiquant une origine cananéenne, depuis près de quatre mille ans (avant l’arrivée des Hébreux d’Égypte, avant même celle des Patriarches !). De plus, la naissance de l’État d’Israël fut le résultat d’un dramatique quiproquo, pas tout à fait inconscient : répercutant une phrase qui circulait, semble-t-il, dans certains milieux chrétiens anglo-saxons, on se mit à dire des juifs qu’ils étaient un peuple sans terre, alors que là-bas il y avait une terre sans peuple ; il suffisait donc d’unir ce peuple-ci à cette terre-là et le tour était joué. Malheureusement, la terre n’était pas sans peuple. Lire la suite »
Sortie du N°106 – éditorial
Un dossier spécial sur Israël, voilà le contenu du 106e numéro de la revue Hokhma. Découvrez-en l’éditorial ci-dessous.
Dernier numéro spécial de Hokhma : la Trinité
BULLETIN DE COMMANDE HOKHMA 2014 à imprimer et renseigner
Avant-propos
Parler de la Trinité fait-il partie de ces conversations oiseuses et folles que l’apôtre Paul nous conseille d’éviter, de peur, comme l’écrit Calvin, qu’« on s’épuise en querelle de mots et que la vérité ainsi que l’amour fraternel soient perdus dans la discussion » (1) ? Faudrait-il alors, quand il s’agit de penser Dieu, se contenter d’une topologie approximative du Ciel et ne pas trop chercher à comprendre, au risque de voir notre foi, tel Icare, se griller les ailes au soleil brûlant d’une raison qui nous met au défi de lui expliquer comment on peut à la fois affirmer qu’il y a un seul Dieu mais que le Père, le Fils et le Saint-Esprit le sont également ?
Il faudrait donc se méfier du verbe et ne pas trop lui en demander, sous peine de découvrir quelque chose comme ce qui serait le pot-aux-roses de la langue (2), à savoir son impuissance, son incapacité à dire Dieu – à dire quoi que ce soit, d’ailleurs : Dieu, le monde, l’humain, la matière, le temps, etc. Il ne nous resterait plus alors qu’à nous lamenter sur notre condition, éternellement tristes d’être toujours à côté de la plaque en parlant.
Parce que tous ces réaménagements du concept de Trinité, au fond, présents et passés, reviennent la plupart du temps à un questionnement métaphysique sur la langue, avec l’espoir de parvenir à dépasser un jour ce qu’elle n’a pas réussi à dire jusqu’à aujourd’hui, ou ce qu’elle a mal dit. A moins qu’il faille admettre que, avec Dieu, elle ait affaire à « quelque chose » qu’elle ne pourra jamais dire…
D’où ces tentatives récentes de réinterprétation du dogme trinitaire qu’Henri Blocher se propose d’examiner dans les pages suivantes, et qui procèdent toutes, à bien y regarder, de la volonté de réduire l’état de dissonance cognitive laissé par cette soi-disant aberration arithmétique de l’équation trinitaire et son cortège d’inconséquences logiques. Toutes les théologies négatives ou apophatiques pèchent d’avoir fait allégeance à une théorie dépressive de la langue et se retrouvent coincées entre un pyrrhonisme maladif et un rationalisme arrogant.
Alors, si, à force de ratiociner, nous n’y voyons plus rien, il est temps de retrouver l’air pur des cimes. C’est à cette ascension que le présent numéro de Hokhma vous invite, à la rencontre de Celui qui s’est fait connaître en parlant, loin des délires modalistes et autres déviances trinitaires. Là, il apparaîtra que, comme l’écrit Emmanuel Durand (cf. infra, p. 57), « le mystère trinitaire n’est pas un point compliqué de la foi chrétienne », pour peu qu’on prenne l’Ecriture au mot, précisément, et qu’on sache prendre ses distances avec une dialectique définitivement incapable de nous faire voir Dieu.
En portant à la connaissance de ses lecteurs les actes du colloque 2012 de l’Association francophone européenne de théologiens évangéliques (AFETE), l’équipe Hokhma fait plus que reconduire une pratique plusieurs fois éprouvée : en publiant les travaux présentés lors des colloques biennaux de l’AFETE, elle souhaite partager une réflexion fondamentale sur le fondement même de sa vision : placer « au coeur de sa démarche l’écoute et l’obéissance au Dieu vivant, Père, Fils et Saint-Esprit » (selon le texte de la quatrième page de couverture). S’il a été jugé opportun d’ajouter aux actes du colloque
un article de Graham Tomlin, c’est pour renforcer la dimension pratique et ecclésiale du thème. En d’autres termes : « Penser la foi dans la crainte du Seigneur et ancrer ses efforts dans la communion de l’Eglise » (quatrième de couverture).
Puisse la lecture de ces pages redonner des couleurs et de l’énergie à notre vie spirituelle, pour la plus grande gloire de Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
Georges Boudier
(1) Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, Charols/Aix-en-Provence, Kerygma-Excelsis, 2009, p.82.
(2) J’emploie le mot « langue » au sens de « fonction symbolique ».
Choisir l’espérance, c’est choisir la vie

Hokhma n°103/2013, Jean HASSENFORDER, Recension de : Jean-Claude Guillebaud : Une autre vie est possible. Comment retrouver l’espérance.
L’histoire du XXè siècle a été marquée par de grandes hécatombes qui assombrissent notre mémoire. La croyance au progrès s’est dissoute. Si, malgré les aléas, le développement économique a été sensible et a changé les conditions de vie, aujourd’hui la crise de l’économie associée à la montée des inégalités engendre inquiétude et pessimisme. Cette insécurité est accrue par une perte des points de repère, parce que les croyances religieuses d’autrefois ont besoin d’être reformulées dans les termes d’une culture nouvelle. Alors, on assiste aujourd’hui à des phénomènes de repli tant sur le plan individuel que collectif. Puisque l’avenir collectif paraît bouché, on recherche des accommodements individuels ou on se réfugie dans des satisfactions immédiates. Ces notations correspondent à ce que nous pouvons observer dans certains comportements et dans certaines expressions. Certes, il y a en regard d’autres représentations et d’autres comportements. Il n’empêche, face à l’inquiétude dominante, face à la morosité ambiante, on a besoin d’une vision. Car, comme le dit si bien un verset biblique : « Là où il n’y a pas de vision, le peuple périt » (Proverbes 29. 18). Alors on peut saluer la publication récente d’un livre de JeanClaude Guillebaud : « Une autre vie est possible » (1). Et le sous-titre en précise le sens : « Comment retrouver l’espérance ? ».
C’est le printemps : le dernier numéro paru est arrivé (n°103/2013) !
Paroles prophétiques pour l’Eglise ?
2011 et 2012 ont vu plusieurs auteurs, chacun dans sa discipline et sa perspective, évaluer de façon prospective la crise actuelle et l’avenir des Églises réformées en Suisse Romande.
Ces travaux s’inscrivent, par définition, dans un contexte historique et géographique bien déterminé. Ils n’en constituent pas moins des éléments de réflexion utiles à l’ensemble des Églises qui s’interrogent sur leur avenir et celui de leur témoignage, dans notre société européenne et francophone, notamment.
Les analyses convergent globalement – l’évidence de la crise en cours : crise de la transmission, crise de désaffection, est partagée –, mais cette convergence s’atténue nettement quand il s’agit d’en identifier les causes (surtout externes, sociologiques pour les uns, d’abord internes, spirituelles, éthiques pour les autres). Les « remèdes » proposés ne sont pas non plus toujours les mêmes, par voie de conséquence (…) » Christophe Desplanque (Hokhma 102/2012, pp. 1-15)
De l’actualité pour tous du n° 87/2005 : « Eglise(s) et homosexualité »
Les récents projets de loi du gouvernement français ont déclenché une vague de réactions, réflexions et prises de position très contrastées. Sachant que ces questions préoccupent l’ensemble des Eglises francophones, il nous a semblé bon de mettre en avant aujourd’hui encore les quatre contributions de pasteurs du Canton de Vaud que nous avons publiées en 2005. Ces textes, de genres littéraires très différents (conférence, mémoire, prédication, méditation) permettent de nourrir une réflexion théologique personnelle et une décision ecclésiale sur ce sujet.
Il vous suffit de passer directement commande auprès de Christophe Desplanque, 21 rue Griffon 47000 Agen, en indiquant la référence du n°87/2005 et en joignant un chèque de 10 euros à l’ordre de Hokhma (frais de port inclus) pour en disposer. Bonne lecture à tous !
« Espérer, c’est faire sa part » : découvrez une partie du n°102/2012
Découvrez en libre consultation un article du dernier numéro de notre revue: « Paroles prophétiques pour les Eglises ? », par Christophe Desplanque, en cliquant : ici.
C’est la rentrée !
Pour la plus grande joie de certains – au grand désespoir d’autres, c’est la fin des vacances ! Pour les théologiens aussi, il est temps de s’y remettre ! C’est pourquoi nous vous proposons de consulter en ligne le bel article inédit en français du théologien protestant James I. Packer, paru dans Hokhma n°101/2012. A méditer au cas où vous auriez l’impression de devoir construire cette rentrée sur le sable… jusqu’à ce que tout mirage se transforme en étang, et que tout désert se transforme en source d’eau, comme le dit la parole du prophète Esaïe. Pour découvrir gratuitement : « La sainteté aux prises avec les ténèbres, le cas de mère Térésa », cliquer ici.








